Écrire à quatre mains et être publiés chez Hachette après sept ans de travail avec A.J. Twice

Aujourd’hui, j’ai le grand bonheur de recevoir Alric et Jennifer Twice, aussi connu sous le nom de A.J. Twice, publiés chez Hachette roman pour leur saga « La Passeuse de Mots » écrite à quatre mains. Dans cet épisode, nous avons discuté de leur parcours d’auteurs, notamment des refus reçus pour le premier tome de leur saga, de leur persévérance, des rêves pour lesquels il faut se battre et finalement de leurs projets futurs. Vous pouvez les retrouver sur Instagram pour suivre leurs aventures.
 

Bonne écoute !

Margot : Hey ! Je suis ravie de vous accueillir sur le podcast. Vous êtes déjà morts de rire, ça va bien commencer. Donc, ravie de vous accueillir Alric et Jennifer. Donc, A.J Twice sur le podcast Les Mots Raturés. Comment ça va ?

Jennifer : Ah ben salut !

Alric : On est super contents d’être là.

Jennifer : Trop trop contente !

Alric : C’est notre premier podcast et je pense qu’on a la meilleure pour commencer, donc on est là et on est contents !

Jennifer : On est trop trop trop contents !

Margot : Comme je vous le disais en off, moi c’est la première fois que j’accueille deux personnes en même temps. Donc, c’est le petit challenge pour tout le monde et ça, c’est bien. Et pour la peine, je me suis fait un thé matcha pour survivre à tout ça.

Alric : On n’a plus de thé, ça nous manque.

Margot : Est-ce que vous pouvez commencer par vous présenter ? Tout simplement pour toutes les personnes qui ne vous connaîtraient pas sur le podcast.

Jennifer :  Ahh, c’est la fameuse question qu’on aime bien ça.

Alric : Non, la question qu’on n’aime pas, c’est le résumé. Mais ça, ça va.

Margot : C’est la question suivante ! Bonne chance !

Alric : Je vais prendre la première et tu prends la deuxième, comme ça …. (rires)

Jennifer : Déjà, je fais un coucou à Michael Bielli, parce que je sais qu’il n’aime pas non plus se présenter.

Margot : Il a eu beaucoup, beaucoup de mal à cette question sur son épisode. mais il s’en est bien sorti en vrai.

Jennifer : C’est vrai.

Alric : Alors, allez c’est parti. Donc, on est Alric et Jennifer. On est donc les auteurs sous le pseudonyme d’A.J TwiceLa Passeuse de Mots qui est sorti chez Hachette roman, le 31 mars de cette année. On est des petites trentenaires, même si on n’aime pas le dire.

Jennifer : J’aime pas le dire, j’aime pas !

Alric : Dans notre tête, on a 25 ans !

Jennifer : On est restés bloqués à la vingtaine nous.

Alric : On habite du coup dans le sud de la France.

Jennifer : On n’est pas loin de Montpellier.

Alric : On est mari et femme depuis cette année.

Margot : Félicitations !

Alric : Merci. On s’est rencontrés en 2013, et on a commencé à écrire La Passeuse de Mots en 2014. Et c’est notre premier roman à 4 mains. Et après, on écrit chacun de notre côté. On écrit depuis…

Jennifer : …depuis qu’on est petits.

Margot : Et bien, c’est très très beau pour des personnes qui n’aiment pas se présenter.

Jennifer : Moi, j’ai rien dit ! Il a tout fait. (rires)

Margot : C’était carré, net, propre, j’adore ! Et donc, oui, moi ce qui m’a marqué la première fois que je vous ai découvert sur Instagram, c’était que vous écriviez en couple. Et ça, je trouve ça génial. on va pouvoir parler tout à l’heure un petit peu, de comment on écrit à 4 mains parce que je suis très curieuse.

Jennifer : Au début on était qu’amis. On était amis au début.

Margot : Quand vous avez commencé La Passeuse de Mots vous étiez amis ? C’est fou ça !

Alric : Pendant presque pendant 2,3 ans. Et après ça nous a rapprochés.

Jennifer : Les mots, ça rapproche apparemment !

Margot : En même temps il va falloir faire des séances de dédicaces pendant longtemps, alors autant bien vous entendre.

Jennifer : Ah, ça c’est important je pense.

Alric : Si jamais c’est la guerre un jour (rires), on fera avec.

Margot : Ça va se voir au niveau des lecteurs, vous aurez des tables différentes.

Jennifer : Ah non, quelle horreur !

Alric : Ou alors, dos à dos sur les stands !  (rires)

Margot : Et justement, est-ce que vous pouvez me parler de comment vous avez eu l’idée de l’histoire de La Passeuse de Mots. Même si je sais que vous n’aimez pas cette question.

Jennifer : Non celle-là ça va !

Margot : Comment vous est venue l’idée et pourquoi vous avez décidé d’écrire à 4 mains ?

Jennifer : Alors, on se rencontre en 2013 et nous déjà, on écrivait chacun de notre côté. J’écrivais une histoire avec quelqu’un. J’ai toujours écrit avec quelqu’un, moi j’ai toujours eu du mal à écrire toute seule. Donc, voilà, je faisais mes histoires. Alric, c’est pareil. il écrivait de son côté.

Alric : Moi, par contre, c’est la première fois que j’écris à 4 mains. Parce que pour moi, l’écriture c’est quelque chose d’assez personnel, de très ermite, d’une personne qui est dans son coin. C’est quelque chose d’assez pas égoïste, de solitaire en fait.

Jennifer : L’écriture est une activité solitaire.

Alric : C’est ça. Moi c’était la première fois.

Jennifer : Donc, c’était en 2013 on se rencontre, on avait nos projets à nous de notre côté. Et en 2014, on a traversé une période assez compliquée tous les deux. Que ce soit au niveau de la vie de tous les jours, professionnelle, personnelle, c’était très très compliqué.

Alric : Et comme on le sait, des fois la vie personnelle a un impact sur l’écriture ce qu’on commence se sent dans l’état psychologique dans lequel on est. Soit des fois ça aide à écrire, soit des fois ça bloque.

Jennifer :  Et là, c’était un blocage. Tous les deux, on a eu un gros blocage à la même période et au même moment. Tiens, c’est très étrange. (rires) Et un jour, Alric m’a dit : « Bon, je pense que là, il faut qu’on se bouge. Il faut qu’on retrouve la flamme de l’écriture. Il faut qu’on retrouve ce truc.»

Alric : Cette petite étincelle qui manque.

Jennifer : On se dit on va utiliser la seule arme qu’on sait manier, c’est-à-dire les mots. On s’est dit chaque semaine, on va s’imposer un jour où on écrit sur un thème. Ça pouvait être… je crois que le premier, c’était le silence…

Alric : …ou écris une lettre à quelqu’un.

Jennifer: En fait le but, c’était d’écrire. Il fallait vraiment sortir des choses pour retrouver cette envie d’écrire.

Alric : Même si c’était une ligne, un paragraphe ou voilà peu importe. Il fallait juste écrire.

Jennifer :  Au début, c’était tout petit : un petit paragraphe, ça faisait une feuille, après ça faisait 10 pages. (rires)

Alric : Ça nous a bien aidé.

Jennifer : Oui ça nous a bien aidé. Puis un jour, le thème c’était : Réinvente notre rencontre. Alric est parti sur une idée de Harry Potter, un monde un peu à la Harry Potter (parce qu’on adore Harry Potter).

Alric :  J’avais rencontré Jennifer sur le chemin de traverse en tant qu’écoliers.

Jennifer : Voilà, on avait mélangé tous nos amis, la famille dedans. Enfin c’était trop trop bien et moi en fait, je suis partie sur un truc complètement à l’opposé. C’était un peu toujours dans l’univers fantasy fantastique et je me disais si Alric n’avait pas été là, qu’est-ce que j’aurais fait pour trouver ma flamme et les mots ? Et je suis parti sur l’idée d’une fille dans un royaume où les mots étaient interdits. On brûlait les livres. Il y avait un prince, une princesse, il y avait déjà cette espèce d’ambiance autour des mots, quelque chose de…

Alric : …de très fort en fait.

Jennifer : Oui, de très fort.

Alric : Qui marquait ton état d’esprit à ce moment-là.

Jennifer : Voilà,  qui marquait mon état d’esprit. Et le titre, il m’est venu tout de suite quand j’ai fini ces 7 ou 8 pages. J’ai écrit un petit conte en fait. La jeune fille était pâtissière, elle avait une famille aimante, comme Arya dans La Passeuse de Mots. Et puis, à la fin j’ai sorti ce titre La Passeuse de Mots. Et c’est rigolo, parce que le jour où je l’ai tapé, le titre quand je l’ai fini, quand je l’ai écrit, je me suis dit : « Ce titre-là, il va être important dans ma vie ». Je ne savais pas pourquoi, moi j’ai eu une intuition assez forte. J’envoie à Alric et je crois que 5 minutes après …

Alric : Oui, 5 minutes après, j’ai lu et j’ai fait : « Il faut en faire un livre ! »

Jennifer : Il faut faire quelque chose ! (rires) Il m’a dit qu’il fallait faire quelque chose.

Margot : Génial ! Franchement, c’est la meilleure anecdote de début de roman. Vraiment ! Déjà, je trouve génial le fait que vous vous soyez mis dans un défi perpétuel pour retrouver la flamme. C’est ce qu’il faut faire de toute façon. Le seul remède pour écrire, c’est écrire.

Jennifer – Et puis, on a commencé à avoir des idées petit à petit. Et c’est parti sur totalement autre chose. On a gardé l’essence du pouvoir des mots, le livre et après on est parti sur d’autres….

Alric : …et après, c’est devenu un livre de 738 pages.

Margot : Oui, je l’ai à côté de moi, les auditeurs ne pourront pas le voir, mais c’est un gros bébé.

Alric : En vrai, normalement, c’est le double. Parce que les deux premiers tomes faisaient un seul tome.

Margot : Oui, j’ai entendu cette histoire.

Jennifer : On envoie aux maisons d’édition un livre de 1 200 pages, et on se dit : « Ça passe ! Vas-y, on y va ! »

Margot : Par curiosité, il faisait combien de milliers de mots ?

Alric : Alors, en mots, je ne sais pas. Je sais que format A4, il faisait 1 380 pages. Et c’est ça qu’on a envoyé aux maisons d’édition ! On avait la foi.

Margot : Vous aviez imaginé qu’il puisse être coupé en deux, parce que c’est ce qui est arrivé. Il a été coupé en deux, les éditions françaises sont souvent frileuses à sortir un roman aussi gros.

Jennifer : Sincèrement, au début, je pense qu’on était tellement dans la folie du truc, qu’on s’est dit que ça allait sortir comme ça.
Margot : Vous ne pensez pas au lecteur qui doit ouvrir le livre, (rires) le tenir sur ses genoux !

Alric : C’est une arme pour ceux qui doivent le mettre dans leur sac ! (rires)

Jennifer : On s’est dit « Let’s go, ça va le faire ! »

Alric : Pour l’anecdote, le petit papier qu’elle avait fait avec le thème “réinventer notre rencontre”, on l’a affiché dans l’entrée, dans un cadre avec la date de 2014 et tous les jours on le voit on se dit que c’est atypique comme début. On aime raconter cette histoire, on l’a racontée plein de fois. On a du saoûler les gens avec ça, mais on adore la raconter.

Margot : Personnellement, je l’adore cette histoire ! Je pense que les personnes qui vont nous écouter vont l’adorer aussi, elle est géniale ! Et le fait que ce soit encadré, c’est pépite ! J’aime beaucoup.
Je vais continuer un peu avec les questions. Est-ce que vous voulez qu’on commence par faire un petit résumé du roman rapide, même si ça a déjà été dit un peu comme ça ? Toutes les personnes qui écouteront la suite auront un peu le contexte quand même. Même si on sait qu’on suit Arya dans un pays où les mots sont interdits, est-ce qu’on peut en savoir un tout petit peu plus ?

Alric : Oui, alors, en gros, c’est Arya qui est notre héroïne. À la base, ce n’est pas une héroïne :  c’est une jeune fille hyper-sensible, curieuse, maladroite et qui adore les livres et qui, d’ailleurs, ne vit qu’à travers les livres. Elle ne connaît pas le monde au-delà de sa grande cité qu’elle adore. Elle vit couvée par sa famille, par sa mère, elle a une vie qui lui plaît et elle ne veut pas plus, même si l’aventure l’appelle.

Jennifer : Elle vit ses aventures à travers les livres qu’elle lit en fait.

Alric : Et comme tous les personnages ordinaires, elle va se retrouver avec une grande destinée extraordinaire le jour où son royaume rentre dans le chaos à cause de ce fameux traité. Un traité qui oblige tous  ceux et celles qui entrent dans le royaume à voir leur magie diminuer. La magie est acceptée, mais pour que ce soit équitable entre ceux qui sont pourvus de magie et ceux qui n’en ont pas, ce traité fait en sorte que tout le monde soit sur un même pied d’égalité. Et bien sûr, un petit vent de rébellion souffle sur la capitale au royaume à cause de ça. Et tout va partir en sucette ! (rires)

Margot : Vous savez quoi ? Très très bon résumé. Arya aime les mots, elle aime les livres et elle est boulangère il me semble. Elle aime bien la pâtisserie…

Jennifer : Pâtissière !

Margot : Elle est pâtissière, pas boulangère.

Alric : D’ailleurs, on est bien contents de l’avoir fait pâtissière. Du coup, maintenant à chaque fois qu’on rencontre des lecteurs, on nous offre des gâteaux. Alors c’était la meilleure idée du monde !

Margot : Mais c’est ça, il faut choisir un très beau métier gourmand dans mes romans.

Jennifer : On est rentrés de vacances, dans la boîte aux lettres on voit un colis. On ouvre et on voit des cookies.

Alric : C’était trois petits sachets de cookies avec une petite lettre d’une lectrice.

Jennifer : C’est adorable, on s’est dit : « On mérite ça ? »

Alric : On s’est dit la prochaine fois on va dire que notre héroïne adore les billets de banque ! (rires)

Jennifer : Oh non ! N’importe quoi ! (rires)

Alric : Non, en vrai c’est trop mignon. On risque peut-être de prendre 10 kilos à la fin de la saga. Mais c’est pas grave, on aime le sucre.

Margot : Donc, vous l’avez commencé en 2014, on se trouve aujourd’hui en septembre 2021, ça en fait quelques années qui ont passé. Est-ce que vous avez pensé au moment où vous avez commencé à l’écrire qu’il fallait attendre aussi longtemps avant de le faire publier ? Est-ce que vous aviez imaginé qu’il soit publié ?

Jennifer : Moi je pense qu’on a commencé à l’écrire déjà pour se faire du bien. Je pense qu’on en avait besoin à ce moment-là. Au bout d’un moment on s’est dit : « ça pourrait plaire ce genre d’histoire, ça pourrait être cool.»

Alric : Se faire publier, c’est un rêve. Un rêve de gosse qui ne nous a pas quittés en fait. On savait quand même qu’un jour on voulait publier un livre, après on ne savait pas que c’était celui-là. Mais, on savait qu’on allait le faire. Après… euh… c’était quoi l’autre question ? (rires)

Margot : À partir du moment où vous vous êtes dit ok, on aimerait bien le publier, est-ce que vous avez pensé que ça allait être aussi long d’attendre de 2014 à 2021? Il a fallu pas mal d’années, c’est vrai que la plupart des auteurs n’ont pas cette idée d’attendre autant.

Alric : Après, il faut savoir que l’écriture des deux premiers tomes a duré 4 ans. Et pendant ces 4 ans, il y a eu des coupures, des moments où on écrivait plus pendant 6 mois…

Jennifer : On avait notre vie…

Alric : …la vie, voilà tout ça. Ça a pris 4 ans pour l’écrire. Après pour la publication…

Margot : Ça nous amène en 2018.

Jennifer : On a fini je crois le 23 novembre 2018. Je crois qu’on a mis le point final du deuxième tome le 23 novembre 2018.

Alric : Et on a envoyé dans la foulée à plein de maisons d’édition. Après, est-ce qu’on pensait que ça allait prendre autant de temps ? Comme tous les auteurs, on se dit toujours qu’on va recevoir la fameuse lettre, dans la boîte aux lettres, que ça va être un oui tout de suite. Ça va être telle ou telle maison d’édition. On est rêveurs comme tous les auteurs.

Jennifer : Il faut !

Alric : En général, vous recevez une lettre dans votre boîte aux lettres et c’est un refus. Ça, c’est pas bon ! Et après, on a vu qu’on a un parcours assez atypique à partir de ça. À partir du moment des envois, c’est passé vite et en même temps pas vite. Parce qu’on a eu des tours et des détours. C’est une histoire assez incroyable, ces parcours d’édition.

Margot : Je suis tout ouïe.

Alric : Tu veux commencer où ?

Jennifer : Tout le parcours jusqu’à ce qu’on finisse le tome 2 et qu’on commence à envoyer jusqu’à Hachette ?

Alric : On va essayer de ne pas être trop long.

Margot : Oui, parce qu’on parlera de l’écriture en elle-même après, mais là, tant qu’on est dans votre histoire autant y aller.

Jennifer : Alors, on a fini le 23 novembre 2018 le tome 2. On imprime 5 manuscrits qu’on envoie aux 5 plus grandes maisons d’édition de France.

Margot : 5 manuscrits de 1 300 pages, ça a dû vous coûter cher !

Jennifer : C’était énorme !

Margot : Pourquoi vous n’avez pas envoyé par mail ?

Jennifer : Parce qu’il y en a qui n’acceptaient pas par mail. Donc, du coup on a fait 5 grandes maisons d’édition par courrier.

Margot : Je suis curieuse. Les 5, c’était qui ?

Jennifer : Alors, on avait Gallimard, on a eu Hachette

Alric : …non, Hachette c’est un autre parcours.

Jennifer : Oui, Hachette c’est par mail.

Alric : Y’a eu Bragelonne, La Martinière Jeunesse et je ne me souviens plus des autres.

Margot : C’est pas grave, c’est déjà quelques noms. J’étais curieuse.

Jennifer : Donc, on envoie ça. On envoie ensuite à des moyennes, à des petites. Vraiment, le but pour nous c’était d’être édités, donc peu importe si c’était des petites, moyennes ou grandes. C’est énorme déjà de te dire que ton livre existe, qu’il est là. Donc, on a commencé à recevoir des refus.

Alric : Très vite au bout de 15 jours. Je crois que Gallimard, c’était 15 jours.

Jennifer : Gallimard, 15 jours. J’ai fait « oh, okay d’accord » !

Alric : Vous avez cachement eu le temps de lire les 1 380 pages !

Margot : C’est étonnant quand même !

Jennifer : je crois qu’ils ont eu peur en voyant le manuscrit. En fait, ça passait pas dans la boîte aux lettres, c’est non du coup. Je crois que c’est le recommandé qui n’est pas passé, ils ont dit non, ça ne rentre pas.

Alric : Depuis, notre manuscrit sert de cale-porte je crois. (rires)

Margot : Faudrait aller vérifier quand même !

Jennifer : Du coup, ensuite, janvier, février. En janvier, on a eu un refus de Hachette.

Alric : Deux mois après l’envoi.

Jennifer : Deux mois après. Enfin, c’était un refus mais c’était un courrier qui était assez personnalisé. J’ai trouvé quand même qu’on sentait vraiment quelqu’un qui tapait derrière en disant : « Voilà, on a vraiment trouvé qu’il y avait quelque chose mais on ne peut pas publier de fantasy pour le moment.» Le mail était très personnel. C’était pas « non merci, ciao, bisous ».

Margot : Ou le « Vous n’êtes pas dans la ligne éditoriale », la phrase basique.

Jennifer : On s’est dit que c’était chouette, que ça fait plaisir de recevoir un truc comme ça.

Alric : Après, on a eu refus sur refus. On a commencé un peu à déchanter.

Jennifer : Et là, on commence à redescendre. On réalisait vraiment que ça allait être un peu compliqué et long. On a dit bon, là il faut qu’on trouve une solution pour partager en fait. Parce que c’est ça qui nous frustrait le plus. C’est parce qu’on voulait partager notre histoire, c’est ce qu’on aime avec les lecteurs, c’est de proposer un univers et s’ils aiment l’univers, nous on a tout gagné. S’ils peuvent s’évader, c’est bon. Du coup, on a retrouvé une amie à nous qui est aussi autrice, c’est Johanna Marines. En fait, elle était en dédicace à la Comédie du Livre. déjà, c’était très difficile pour nous d’aller à la Comédie du Livre. Parce qu’à Montpellier, y’avait plein d’auteurs et nous on voulait pas être du côté des gens qui veulent des autographes.

Alric : À chaque fois qu’on allait dans des salons littéraires, on était déprimés. parce qu’on se disait que notre place, c’est de l’autre côté, et ça nous arrivait de chialer comme deux enfants.

Jennifer : C’était dur.

Alric : C’est comme si on voyait notre rêve à travers un miroir.

Margot : À portée de main…

Jennifer : Moi, j’avais vu le petit garçon, qui devant l’auteur là…. Enfin, vraiment j’étais pas très bien et au moment où je tourne la tête, je vois, je ne sais plus c’était quel auteur… Il y a un petit garçon qui attrape la main d’un auteur et qui lui dit « Merci, grâce à vous, j’ai retrouvé le goût de la lecture, je ne lisais plus et tout ». Je suis restée, genre, mais quoi ! Mais, c’était tellement beau. Et j’étais tellement mal, je me suis mise à pleurer. Alric qui me disait « On s’en va ? », je lui ai fait : « Faut aller voir Johanna, faut aller voir notre copine ». On s’est dit, on a besoin d’un boost et c’est tout.

Alric : Donc, elle était en dédicace du coup.

Jennifer : On est allés la voir et c’était une amie que je connaissais depuis toute petite. Et en fait, on s’est retrouvées sur ce salon. En fait, on a parlé avec elle, on lui a expliqué qu’on écrivait aussi. Elle nous a dit « Je pense que vous devriez aller sur des plateformes d’écriture où il y a de l’échange, c’est là où ça vit. C’est là où il y a un vrai échange avec les lecteurs. »

Alric : Vous pourrez avoir du recul, des avis…

Jennifer : …des avis, peut-être pour nous aider à améliorer. Du coup, on est rentrés chez nous le soir et on a créé notre compte Wattpad je crois, directement quand on est rentrés. Au début, on a eu un petit peu peur, parce que plein de gens nous disaient que Wattpad, c’est axé romance, enfin ça n’a pas une bonne réputation. Alors que pas du tout ! Nous, on est restés un an dessus, et sincèrement, on a rencontré des gens extraordinaires.

Alric : Que ce soit lecteurs, lectrices, auteurs, autrices…

Jennifer : On s’est même fait des amis. Du coup, on s’est inscrit sur la plateforme et pendant un an, ça a été fou.

Alric : Tout 2019.

Jennifer : Oui, voilà, tout 2019. Et c’était trop bien, on avait des échanges, des avis, on a compris comment il fallait couper les livres. On a fait : « Ah, peut-être qu’il faudrait couper, au moins un tome 2. »

Alric : « Oui, vos chapitres sont un peu longs. Un chapitre de 30 pages, quand même euh… »
Et c’est là, d’ailleurs grâce à Wattpad, que … euh… je ne sais plus ce que je voulais dire !

Jennifer : Ah non, je sais, parce que du coup, en avril 2019 on a commencé à poser sur Wattpad et en février 2020, on a un nouveau mail d’Hachette, qui nous dit : « Bonjour ! Est-ce que les droits sont toujours disponibles pour La Passeuse de Mots ? ». Alors, nous…

Alric : On a gardé précieusement le souvenir !

Jennifer : Alors, moi : syncope ! Je fais : « Aaaaaaahhh !! », enfin voilà ! Surtout qu’en plus je revenais du travail, et je prends mon téléphone, là, je vois le mail. Je regarde Alric et je fais…

Alric : Elle faisait une tête bizarre et tout, et moi je lui dis : « Qu’est-ce qu’il y a ? On a gagné au Loto ? » et elle me dit : « Ben, un petit peu, ouais quasiment.»

Jennifer : Quasi oui, enfin presque. Il lit le message et se dit « C’est pas possible, c’est pas possible ! ». Alors, on commence à respirer, on se calme, on essaie de reprendre nos esprits. On lit le mail. Ils nous demandaient si les droits étaient toujours disponibles…

Alric : Oui, oui, ils sont disponibles oui, oui (rires)

Jennifer : Ils sont très disponibles ! (rires) Ils nous disent voilà qu’ils ont gardé précieusement le souvenir, et on leur dit que nous on a retravaillé de notre côté et qu’on peut envoyer une nouvelle version, parce que la première version qu’on avait envoyée était un peu mastodonte quoi ! Donc, c’est Isabelle Vittorino, éditrice chez Hachette romans qui nous a envoyé un mail en nous disant : « Allez, c’est parti ! Envoyez-moi le manuscrit de nouveau. »

Alric : Il va repasser en comité de lecture du coup.

Jennifer : Donc, il repasse en comité de lecture, donc trop bien. Et, du coup après : Covid.

Alric : Après, il y a eu le Covid.

Margot : Oui effectivement février 2020, là…

Jennifer : Exactement, on était en février 2020, mars 2020 : Covid. Confinement : mars, avril, mai.

Alric : Et il faut savoir qu’on est restés tout le temps du confinement avec l’attente de la réponse.

Jennifer : Confinés dans la tête et confinés chez nous !

Alric : On n’avait pas de nouvelles d’Hachette.

Margot : L’angoisse !

Jennifer : Donc, c’était horrible. Tous les jours, on regardait nos mails. Tous les jours, on se disait que ce n’était pas possible.

Alric : On a envoyé un message en disant : « Coucou, on est là, est-ce que vous avez des nouvelles ? »

Jennifer : Ça, c’était au mois de mai.

Alric : On n’a pas eu de réponse non plus. Il faut savoir qu’en fait le mail était allé dans les brouillons de l’éditrice. Sa réponse était restée dans les brouillons, et c’est pour ça.

Jennifer : Elle nous avait répondu en fait, mais elle n’avait pas envoyé le message. Donc, on s’est dit que ce n’était pas grave. Et début juin, elle demande si elle peut nous appeler. Nous, pensant que c’est le “oui”, on se dit qu’on va filmer ça, ce sera génial de le partager. On pose la caméra, on met le téléphone en haut-parleur. On était trop contents, grand sourire. Et là, elle nous dit : « Désolée pour l’attente. je vais être transparente avec vous, vous comprenez, ça va être compliqué de sortir La Passeuse de Mots, de faire une saga de fantasy surtout avec le Covid, on ne sait pas où on va.» Elle était adorable. Nous on était euh…

Alric : On va éteindre la caméra, hein !
Jennifer : La caméra on l’a éteinte, la vidéo on l’a supprimée, mais genre comme j’ai jamais supprimé une vidéo de ma vie ! C’était horrible. Mais ce qui ressortait de bien du truc, c’est qu’elle nous a dit qu’elle voulait travailler avec nous. Elle a trouvé qu’on avait une plume, qu’on avait des histoires et de l’imagination. Donc, elle estimait qu’elle ne pouvait pas nous lâcher, et qu’il fallait peut-être qu’on parte sur un premier livre, autre chose.

Alric : En fait, ce qui était terrible, c’était le contraste parce qu’en fait elle nous disait que des compliments sur La Passeuse de Mots. Du genre, c’est une pépite, c’est génial, mais il y avait le non à côté. Du coup, notre cerveau ne comprenait pas. C’est génial et tout, mais non ! Du coup, on était perturbés.

Margot : Ouais, j’imagine.

Alric : Et du coup, on n’a pas réussi à défendre notre livre parce qu’on était tellement dépités. On est restés un peu bêtes.

Margot : En fait, on arrive à défendre quelque chose, seulement si on le critique en face.

Jennifer : Du coup, on raccroche. Moi, je suis allée dans la chambre, et je me suis effondrée. J’ai pleuré pendant 2 heures je crois. Au bout d’un moment, on se dit « On abandonne ? On n’abandonne pas ? ». Et puis après, on se dit qu’il ne faut pas lâcher. C’était très dur, tous les deux on était très mal.

Alric : On se demandait si on lui proposait quelque chose d’autre, parce qu’on a plein de choses dans les tiroirs, même si ce n’est pas vraiment de la fantasy. Mais on savait que c’était celui-là, c’était très bizarre.

Jennifer : Même on en a parlé autour de nous, à la famille, aux amis. J’ai ma belle-sœur aussi à qui j’en avais parlé. Je me souviendrai toujours de son regard, quand elle m’a dit « Mais c’est n’importe quoi, c’est La Passeuse de Mots qui va sortir en premier. Je le sais. » C’est un peu une sorcière ! (rires) Et du coup, on passe une très mauvaise nuit tous les deux. Le matin, je me suis réveillée à 6 heures du matin, je fixais le plafond. Et je me suis dit : « En fait, on ne s’est pas battus. On s’est laissé faire. »

Margot : Vous avez capitulé.

Jennifer : Je me suis dit que ce n’était pas ça et j’ai dit non au “non”. Je me suis levée et Alric, pareil. Il avait dormi dans le salon, il était sur le canapé, il regardait le plafond lui aussi. Je lui ai dit : « Écoute moi bien toi ! On n’a jamais lâché l’affaire, c’est pas maintenant qu’on va la lâcher. La Passeuse de Mots, c’est celui-là qui doit sortir. Je le sais et il le faut. ». Alors, on a encore utilisé le pouvoir des mots, comme on sait bien le faire. On a écrit une lettre de 6 pages et le reste c’était des captures d’écran de Wattpad, de messages qu’on a reçus, d’Instagram, de tous les gens qui avaient lu notre histoire et qui disaient à quel point ça leur avait fait du bien. C’est ce qu’on voulait retranscrire, de se dire que cette histoire est faite pour être partagée. Elle est faite pour unir les gens. Donc, on a fait une lettre et on a envoyé le courrier une semaine après.

Alric : Même pas, quelques jours après.

Jennifer : Quelques jours après. Et Isabelle nous a rappelé deux jours après, elle nous dit : « Bon…

Alric : …on ne peut pas dire que vous n’êtes pas persévérants. »

Jennifer : On lui a dit que ce n’était pas pour s’acharner. Il fallait qu’on sorte les choses.

Alric : C’était pas pour les convaincre, c’était vraiment pour dire ce qu’on avait à dire.

Jennifer : C’était pour nous faire du bien à nous et se soulager d’un poids. On ne s’était pas battus et là, on l’a fait, on n’a rien à perdre. On avait l’opportunité de travailler avec eux sur un autre livre. Hachette romans, c’est fou ! Elle a dit qu’elle n’osait pas le demander, mais est-ce qu’on voulait retravailler le premier tome.

Alric : En fait, elle avait peur parce qu’elle avait vu qu’on avait mis 4 ans à écrire. Elle craignait de nous demander de recorriger, de refaire du travail. Nous, on lui a dit qu’il n’y avait pas de souci.

Jennifer : On fera tout ce que tu veux ! (rires)

Alric : On l’a fait. On a mis deux mois.

Jennifer : Et du coup, notre copine Johanna, qui est autrice, nous a aidé en fait.

Alric : Elle avait un recul éditorial. Elle avait déjà sorti deux bouquins, du coup, elle savait comment ça marchait un petit peu. Elle nous a aidé à élaguer le texte.

Jennifer : Notre coupeuse de mots on l’a appelée !

Alric : Elle a aéré tout ça. Et deux mois après, on a renvoyé les premiers chapitres.

Jennifer : Les premiers chapitres retravaillés et le 2 septembre 2020, on a reçu le mail avec le contrat tome 1 La Passeuse de Mots.

Alric : Moi, j’ai vu Jennifer s’effondrer par terre, parce qu’elle a eu le mail. Je lui ai dit : « qu’est-ce qu’il y a ? Il y a un truc de grave ? Tu fais un malaise ? » Elle me dit : « non, non regarde. » et moi je lis. Moi, c’est bizarre parce que j’ai eu la réaction inverse, c’est que je n’ai pas eu de réaction.  Je suis resté bête, un peu comme si je n’y croyais pas.

Jennifer : Moi, je suis tombée par terre parce que vraiment je me suis dit : « Ça y est, c’est bon. Ça y est, on l’a fait. Ça y est, enfin ! »

Alric : La petite anecdote, c’est que grâce à ce “non”, quand elle nous a dit non la première fois, et qu’elle nous a dit : « Okay, on peut travailler ensemble, mais sur autre chose. ». Le jour même ou le lendemain, on a réfléchi à un autre bouquin. On a fait un synopsis dans la journée. C’était un spin-off de La Passeuse de Mots. Ça se passait dans le même univers, mais ça pouvait se lire tout seul. Du coup, grâce à ça, on a un spin-off de La Passeuse de Mots qui est prêt. S’il n’y avait pas eu ce non, peut-être qu’il ne serait pas né. Au moins, on a tiré du positif de tout ça.

Jennifer : C’est un livre sur les rêves et la persévérance.

Alric : : Voilà, c’est ça.

Margot : : Je ne sais pas du tout comment sont les gens derrière leurs écouteurs, mais moi, j’ai envie de pleurer tellement votre histoire est belle. Vraiment, c’est un exemple. Je vous jure, vous m’émouvez trop. (rires et émotions) Moi aussi, je suis une hypersensible et là, c’est tellement ce que vivent tellement d’auteurs. Ces années de travail, vous avez fait preuve de tellement de persévérance, c’est beau en fait. on pourrait faire un livre sur votre histoire tellement c’est beau ! Donc, je trouve ça vraiment super beau à écouter.

Alric : C’est trop gentil.

Margot : Je vous jure que je vais réécouter cette interview quand j’aurai le blues et quand je vais recevoir mes premiers “non ». Parce que là, je me dis qu’il ne faut jamais abandonner.

Alric : C’est pour ça que même si l’histoire est longue, on a l’impression de se répéter mais on aime raconter cette histoire. Parce qu’on sait que ça peut aider et que justement on se dit qu’avec de la volonté, de la persévérance et du travail, on peut réussir à tout. Je pense que vraiment déjà y croire, c’est déjà la moitié du travail.

Jennifer : Nous, on partait déjà avec…

Alric : …des handicaps ouais…

Jennifer : Déjà, on était deux. On était primo-auteurs. On avait un livre de 1 200 pages. On faisait de la fantasy française. On avait rien ! On n’avait pas les cases. On était en couple.

Alric : Y’a quelqu’un, je ne sais plus qui, qui nous avait dit un jour : « De toute façon, vous êtes en couple, ça ne va pas marcher parce que les maisons d’édition vont avoir peur. Imaginez si vous vous séparez, ça va créer des problèmes. » Au contraire, nous on sait que c’est une force et on a prouvé qu’ils avaient tort.

Margot : Franchement vous avez très bien fait. Je vais passer aux questions suivantes parce qu’on a fait que 2 questions sur ma liste et ça fait déjà 30 minutes.

Jennifer: C’est pas grave, on est bien. Franchement là pour moi c’est que du bonheur.

Margot : Donc vous écrivez en couple, vous écrivez à quatre mains, comment vous avez fait ? Qui fait quoi ? Est-ce que vous avez vos petites habitudes d’écriture ? Vous vous répartissez des chapitres ? Dites-moi tout.

Alric : Alors, déjà on part d’une idée de départ. Une idée de génie ou pas, souvent quand on sort de la douche ou des toilettes quand on est face à soi-même et la je sais pas y’a pleins d’idées qui viennent et puis Jenny ou moi on se dit : « Et si ça faisait une bonne histoire ? ».

Jennifer :  Après c’est comme un ping-pong.

Alric : Oui, comme un ping-pong, on va pendant plusieurs semaines travailler les idées. Souvent, pendant cette période on a le cerveau en ébullition, on fait des insomnies parce que…

Jennifer : …ça travaille trop.

Alric : On se réveille la nuit, on écrit sur des carnets. Et en fait on adore cette période-là. On dort pas, mais on est contents. Et on est sur l’idée d’amener l’idée a maturation et une fois qu’on y est, c’est là qu’on va commencer à faire le plan. Déjà, on va mettre toutes les idées qu’on a sur une feuille. On va dire, ça on peut prendre, ça, on ne prend pas. On va en dégager un plan. Ensuite, on a le petit rituel de pousser tous les meubles de la maison, prendre une grande frise blanche, l’étaler par terre, mettre tous les stylos, tous les stabilos, tout ça. On peut alors tracer cette frise, ce plan avec toutes les idées. Ensuite, on va sur Google Drive, parce que…

Jennifer : …Google docs, c’est la vie quand tu travailles à plusieurs !

Alric : À chaque fois, en disant ça, on a l’impression qu’on est sponsorisé.

Jennifer : La sponso Google Drive, Google docs !

Alric : Alors, que pas du tout.

Jennifer : Et du coup, on répartit les chapitres.

Alric : En fait, on fait chapitre par chapitre. Chaque chapitre est décomposé en scènes, un peu comme un scénario au final. Et chaque scène, on va se les partager. On va dire si Jenni a envie de faire ça, si moi j’ai envie de faire ça.

Jennifer : Des fois, on se connaît tellement bien que je dis à Alric : « Ah ! Toi, tu fais ça ! Moi, je fais ça ! » Ça va très vite, on sait ce que l’autre aime écrire. Alric aime beaucoup écrire les descriptions, les envolées lyriques c’est beaucoup lui. Moi j’en fais aussi, mais des fois, je fais : « Ça, c’est toi ! ». Moi, j’aime beaucoup les scènes d’action, l’intrigue.

Alric : Déjà, je sais que quand il faut élaborer l’intrigue, je sais que Jenni je peux être sûr de compter sur elle. Elle a un cerveau très logique et moi pas du tout.

Jennifer : Et bien juste avant qu’on fasse le podcast, un quart-d ’heure avant il est venu me voir avec son petit cahier parce qu’il était bloqué. Alors, on s’est mis sur le canapé, et on a débloqué. Je lui ai dit : « C’est bon ? »

Alric : Et je suis reparti avec mon cahier !

Jennifer : Et il était reparti ! Ben voilà, fallait me demander !

Alric : Par exemple, Jenni prend la couleur rouge et moi la couleur bleue. On se dit : « Ça, c’est toi. » Et ensuite, on écrit chacun de notre côté.

Jennifer : Après, en termes de personnages aussi : moi, j’écris beaucoup de scènes avec Arya, parce que je m’identifie beaucoup à elle.

Alric : Oui, clairement, c’est toi.

Jennifer : Oui, c’est clairement moi. Et Alric, et bien…

Alric : Par le personnage qui porte mon nom du coup, que tu découvriras. On a tendance quand on s’identifie plus à un personnage, à lui donner notre voix parce qu’on se sent à l’aise dedans. Par exemple, si ces deux personnages ont une scène, on va se parler. On va faire comme si les personnages se parlaient et c’est ça qui est cool. Chacun de nous met un peu de soi dans le dialogue.

Jennifer : C’est ce qu’on aime bien aussi, parce qu’il y a beaucoup de lecteurs et de lectrices qui nous disent : « Ah, j’adore la scène où Arya et Alric parlent sur ça. Et nous, on pense : « Ah, c’est nous ! Ils nous aiment bien ! » (rires) C’est génial.

Alric : Du coup, on sait ce qui se passe dans la scène, chacun va écrire dans son petit coin. On regarde, on “surveille” ce que fait l’autre pour ne pas qu’il y ait d’incohérences. Pour que ça parte dans le bon sens. Une fois qu’on a écrit la scène, le chapitre et qu’on a la phase de relecture et de correction. On harmonise le tout en fait, pour que les deux écritures fusionnent ensemble. Pour qu’on ne sache pas forcément qui a écrit là.

Jennifer : Des fois, je relis des trucs, je ne sais même pas si c’est toi qui a écrit ou si c’est moi.

Alric : Les lecteurs derrière nous disent : « C’est marrant, on ne dirait pas que c’est écrit à deux. »

Jennifer : En fait, on est assez complémentaires. Et ça se lit bien dans le processus d’écriture.

Margot : On ne sent pas que c’est très différent, c’est ça ?

Alric : Oui, c’est ça. Et je pense que c’est la fusion de nos deux plumes et je pense que c’est ce qu’on est aussi dans la vie. On est tellement fusionnels qu’à mon avis, je pense que ça se ressent. Après les rituels, je sais que Jenni écrit en musique.

Jennifer : Oui, moi j’écoute beaucoup de musique. J’adore écrire avec de la musique.

Alric : Et moi, non, pas du tout.

Jennifer : Des fois, il me crie dessus, il me dit : « J’entends la musique ! » et je remets le casque. (rires)

Alric : Il faut vraiment que je sois dans le silence. Ma petite solitude, dans mon petit bureau.

Jennifer : Le thé et les tisanes j’aime bien. Et les gâteaux !

Alric : Y’a toujours nos tisanes et nos gâteaux pas loin. Après, ça roule tout seul. On a l’habitude, on se connaît bien. On aime bien être dans notre petite bulle et c’est comme ça que ça marche.

Margot : J’ai une question là qui me vient en tête : est-ce que c’est votre métier principal ? Ou est-ce que vous travaillez à côté ? On peut considérer que c’est votre métier de cœur, mais est-ce que vous avez une autre activité à côté ?

Jennifer : En fait, il faut savoir que l’on avait deux métiers à côté. Moi, je travaillais dans l’administratif et Alric travaillait dans un centre de dialyse en tant qu’agent administratif aussi. Et en fait, quand on a eu le “oui” d’Hachette, tous les deux on s’est dit : « C’est le moment de profiter à fond de ce qui va arriver. C’est le rêve d’une vie et il faut vraiment qu’on le vive à fond. ». On ne voulait pas être pris entre le boulot tous les jours et on ne voulait pas se prendre la tête sur les salons et tout ça.

Alric : Honnêtement, quand on faisait ces métiers-là, c’était des métiers alimentaires. On n’était pas épanouis. On avait la frustration de penser de perdre son temps. L’impression d’être là parce qu’il faut payer les factures et en même temps ce temps-là, je pourrais le passer à écrire. Et c’est très frustrant quand on fait un métier qui ne nous passionne pas, et qu’on le fait parce qu’on est obligés en fait. C’est à ce moment-là qu’on a réalisé que c’est vraiment l’année. Les deux premiers vont sortir la même année, il y aura sûrement des salons et tout ça. On veut en profiter à fond.

Jennifer : Après, c’est sûr que le rêve serait de vivre de…

Alric : C’est pas le rêve, c’est le projet !

Jennifer : Oui, le projet ! La loi de l’attraction, le projet…

Alric : Le projet, c’est d’en vivre même si on sait que c’est compliqué en France. Parce qu’en France, il y a très peu d’auteurs et d’autrices qui en vivent. On sait que ce n’est pas évident. Mais rien n’est impossible dans la vie. On s’accroche à ça et même si on ne vit pas forcément que des livres, on sait qu’il y a pleins de portes qui se sont ouvertes et qu’on peut s’enfoncer dedans. Et on peut se dire, qu’on peut quand même travailler dans certains métiers du livre, faire plein de choses.

Margot : des conférences…

Alric : …des interventions scolaires. On nous a demandé il n’y a pas longtemps justement de faire des interventions scolaires. Donc, pourquoi pas ? On aurait adoré être profs. J’ai toujours rêvé d’être maître d’école, et je me dis que c’est le moment de parler de ma passion avec des enfants et de transmettre, voilà y’a plein de choses à faire.

Jennifer : Y’a une brèche, on fonce dedans, on y va !

Alric : Après, c’est pareil, c’est toujours de la volonté et du travail.

Margot : Et j’imagine qu’Hachette vous accompagne bien dans tout ça. C’est vrai que vous avez eu un lancement particulier. Malgré tout, il y a toujours le Covid et ça fait moins de salons, moins de contacts avec les lecteurs. Vous pouvez nous en parler un petit peu ? Moi, je suis là pour vous écouter, donc il n’y a pas de souci.

Alric : On a été impactés, oui et non. Si notre livre était sorti en 2020, je pense qu’il y aurait encore plus de souci je pense. Nous on l’a senti sans le ressentir, parce qu’au final, ça s’est remis petit à petit. Je sais qu’on a eu quand même pas mal de rencontres, pas mal de dédicaces au final. On n’a pas été trop privés, même si plein de salons ont été annulés bien sûr.

Jennifer : C’est le Salon du Livre qui a été annulé et tu as été un peu…

Alric : Oui, le Salon du Livre de Paris, ça c’était un rêve.

Jennifer : Parce que c’est un Parisien de base !

Alric : En fait, j’ai toujours voulu le faire, mais je me suis toujours dit que quand j’irai, je ne veux pas y aller en tant que visiteur, je veux y aller en tant qu’auteur. Normalement, on était invités et du coup, cette année ça a été annulé. Mais c’est pas grave, y’aura d’autres occasions. Mais, à part justement dans ce moment, je ne pense pas que le Covid nous ait vraiment affectés. C’est sorti quand même au bon moment, et je pense vraiment que les gens, les lecteurs et les lectrices avaient besoin de ce genre de livre. Ils avaient besoin de s’évader, de penser à autre chose. On nous l’a dit plein de fois que ça a aidé des personnes qui étaient seules chez elles. C’était au bon moment, et il n’y a pas de hasard dans la vie. Chez Hachette, ils nous ont bien soutenus.

Jennifer : Ah oui, ils sont extraordinaires.

Alric : Quand on a dit qu’on avait été pris chez Hachette romans, on a pas mal de personnes qui nous ont dit que les grandes maisons d’édition, c’était un peu Le Grand Méchant Loup. « Vous allez voir, c’est pas très humain ». Et au final, pas du tout. Et on ne dit pas ça parce que c’est notre maison d’édition, parce qu’on est très franc en général.

Jennifer : Après, on avait peur aussi. Avant d’avoir le “oui”, c’est impressionnant.

Alric : La crainte d’être un peu noyés dans la masse, parce qu’il y a beaucoup de livres qui sortent.

Jennifer : Mais en fait, pas du tout, c’est une petite famille. On le dit quand on est en contact avec des gens d’Hachette ou même aux lecteurs, lectrices : « On a une chance incroyable ! »

Alric : L’équipe est très jeune en plus, très dynamique. Ils sont super cools.

Margot : Oui, j’ai vu un petit peu leurs vlogs.

Alric : C’est ça, leurs TikTok et tout. Ils sont toujours à la page.

Jennifer : Mélanie, Apolline, Sirine, Anouk, elles sont extraordinaires.

Alric : Et notre éditrice, Isabel Vitorino, je crois que c’est la personne la plus gentille du monde. Elle a été vraiment adorable. Là, elle est en congé maternité et pourtant, elle envoie encore des mails pour savoir comment on va, pour nous souhaiter félicitations pour notre mariage. Elle est toujours derrière. Je pense qu’on ne pouvait pas mieux tomber. On sait qu’on est chanceux.

Margot : Tant mieux, ça fait plaisir parce que c’est vrai quand on est juste lecteur, ce sont de gros noms et voir qu’il y a de l’humain derrière, c’est toujours très rassurant.

Alric : Exactement, et franchement, il y en a. Et on a hâte de faire des salons avec toute cette équipe parce qu’on sait qu’on va rigoler et que ça va être chouette.

Margot : C’est quoi vos prochains salons que je vienne vous voir, dites-moi.

Alric : Alors, là, il y en a plein !

Jennifer : Le Salon du Livre à Montreuil !

Margot : Je viendrai vous voir ! Je viendrai vous voir.

Jennifer : Ah mais oui, y’a intérêt ! (rires)

Margot : J’avais prévu d’aller à celui-ci, donc…

Jennifer : On se dira : « C’est Margot, c’est Margot ! ». On veut une dédicace de Margot nous !

Margot : Je vais devoir me balader votre livre au Salon de Montreuil, et ça par contre c’est moins drôle.

Alric : Faut prendre un sac renforcé et ça va aller.

Margot : Un sac à dos.

Jennifer : Ne prends pas le deuxième, parce que…

Alric : Oui, après ça va être lourd.

Margot : Non, mais j’achèterai le deuxième sur place, à un moment donné, il faut rentabiliser le poids que je vais porter ! (rires)

Alric : Après, les salons, il y a celui du Mans. Et il y aura une avant-première du tome 2 à Paris, au Gibert de Saint-Michel. On peut avoir le livre 4 jours avant la sortie. Il y aura plein de petites surprises, on a trop hâte. Et après, je sais qu’on va à Rambouillet, au Mans, à Nîmes, à Montpellier… Je pense qu’on va être sur les rotules à la fin de l’année, mais c’est que du bonheur.

Jennifer : On va mettre les dates, ça va être une fin d’année mouvementée, mais on aime bien.

Alric : Je pense que c’est ce qu’on attendait le plus, les rencontres, ce côté humain.

Jennifer : Ça nous fait rire, parce qu’on est toujours plus impressionnés que les lecteurs en fait.

Alric : C’est que de l’amour, que de la bienveillance. On a eu que des mots gentils. Tu prends une vague d’amour dans la tête pendant plusieurs heures, c’est fou !

Jennifer : La première dédicace qu’on a faite à Gibert Joseph, Paris Saint-Michel, le soir, déjà on était vidés de tout ce qui s’était passé et en fait, je me rappelle qu’on a commandé à manger. La commande est arrivée, on a pris la pizza, on s’est mis dans le lit, on était en peignoir. On se regarde et je me suis mise à pleurer parce que j’ai réalisé ce qu’il se passait. Je lui ai dit : « Tu te rends compte qu’on est à Paris, c’est notre maison d’édition qui nous a pris l’hôtel, et on a dédicacé dans une librairie mythique de Paris et des gens sont venus nous voir. C’était complètement fou.

Alric : Des fois, on se demande si on mérite ça. On se demande pourquoi des gens viennent nous voir, pourquoi ils nous disent tous ces mots d’amour, pourquoi ils m’offrent des cadeaux, j’ai fait quoi ? C’est très étrange en fait.

Jennifer : Moi, je n’arrive toujours pas à réaliser. Je vois ce qui se passe, tous les jours à chaque fois, sur Instagram, quand je vois des coups de cœur ou des commentaires, des messages, je me prends tout le temps des vagues d’amour.

Alric : D’ailleurs, on a une anecdote sur une rencontre, c’est très drôle. C’était justement à Paris, à Saint-Michel. C’est une jeune fille qui arrive dans la librairie en courant. Mais vraiment, elle était en sueur, essoufflée, à la fin de la dédicace. Elle s’est jetée sur la table, et elle nous dit : « J’avais peur de vous manquer. J’ai couru pendant tout le long du trajet. »

Jennifer : En fait, elle a couru dans tout Paris pendant 20 minutes pour nous retrouver. Et elle nous dit :  « En plus, je suis asthmatique ! »

Margot : Si elle nous écoute, viens en marchant s’il te plaît la prochaine fois.

Alric : Pleins de petites choses comme ça. On nous a offert une fois un dessin de nous. Ça, c’était très drôle parce qu’on s’attendait à avoir un dessin des personnages. Et en fait, c’était nous. On nous a ramené pleins de gâteaux, rien que les mots déjà, les lettres, rien qu’un merci c’est la meilleure récompense pour tout ce travail.

Margot : Et ça fait plaisir. Justement, là il y a le tome 2 qui arrive. Et j’ai vu que vous meniez une campagne Ulule pour réaliser le trailer du tome 2 de La Passeuse de Mots. Racontez-moi ça. J’ai vu que vous vouliez vraiment faire un “truc de ouf” quand même pour présenter ce tome 2.

Alric : Déjà, on avait fait le premier avant que ce soit édité.

Jennifer : En fait, on avait déjà le projet quand on était sur Wattpad, déjà on voulait le faire. On avait déjà commencé à voir avec les acteurs, les réalisateurs. On avait déjà commencé à parler du projet. Avec le Covid, ce n’était pas trop évident parce qu’on ne pouvait pas trop se déplacer. C’était un peu chaud pour avoir des endroits pour tourner. En septembre, on a eu le “oui” d’Hachette et on s’est dit qu’il fallait le faire. Ça donnera encore plus de lisibilité. Déjà, on voulait faire le trailer pour nous, et aussi pour donner envie aux gens de lire le livre. Pour montrer l’univers un peu plus visuel. On a tourné le premier, c’était trop bien.

Alric : En plus, quand on a tourné il faisait super froid.

Jennifer : On a tourné en décembre, il faisait -5 °C, j’avais très très froid. Mais ça valait le coup, on adore le trailer du tome 1. Quand on a su que le tome 2 allait sortir, on s’est dit : « Bon, est-ce qu’on le fait cette fois ? ». Parce que le premier, il faut savoir qu’on l’a fait avec nos propres moyens. On a essayé de se débrouiller pour trouver des costumes, les tournages étaient chez un ami qui a un mas avec des chevaux. On a tourné dans une grange.

Alric : Il faut savoir que la grange, qui était plutôt une écurie, était vide. Y’avait rien à part de la paille. Notre ami a déposé du faux parquet, on a fait une chambre.

Jennifer : Et lui, alors c’était très très drôle, parce que je faisais que lui demandait de ramener une malle ou des trucs comme ça. Et il avait tous les accessoires. « Tu as une cage à oiseau ?  » « Oui, j’en ai une ! ». On avait besoin de 4 tapis, il nous a ramené 4 tapis.

Alric : C’était La Caverne d’Ali Baba chez lui.

Jennifer : Et ça, c’est fou parce que ça fait un rendu super beau visuellement.

Alric : Ça nous faisait du bien de donner vie à nos personnages. On a essayé de ne pas montrer les visages pour ne pas influencer les lecteurs. On sait que des fois on aime se faire sa propre image.

Jennifer : Surtout le personnage d’Alric, j’ai eu du mal. Parce que j’ai des scènes dans le book trailer avec lui et vraiment quand on a tourné ces scènes, j’avais du mal à me contenir. Alric, c’est notre personnage préféré à tous les deux. Pour jouer Alric, c’était un ami qui était costumé avec une perruque. Et de dos, c’était vraiment lui. Et je faisais que dire à Alric : « Mais c’est complètement dingue. Regarde, on dirait pas qu’il est là, devant nous le perso ? »

Alric : C’est touchant, et puis on s’est vraiment fait plaisir. C’était vraiment une expérience de fou.

Jennifer : Et on l’a partagé vraiment entre amis, en famille. C’était notre cocon encore une fois et c’était dingue. On a envie de le refaire pour le tome 2.

Alric : Et on a vu qu’il y avait de bons retours et tout. Et on s’est dit que pour le 2, on fera quelque chose, mais encore plus professionnel. Comme le tome 1 c’est plus l’introduction, avec les personnages on pouvait faire quelque chose de plus simple. Dans le 2, il y a plus d’action, plus de personnages, donc il faut plus de figurants. On a eu l’idée de cette campagne Ulule.

Jennifer : Pour que les lecteurs aussi soient intégrés dans ce projet. On veut ça aussi, pouvoir le partager et dire : « Tu as participé à ça et nous. » Ça nous fait tellement du bien de voir que les gens aiment notre histoire et notre univers. C’est vraiment encore une question de partage et de lien. 

Alric : Essayer d’offrir une petite contrepartie aussi quand les personnes contribuent, ce qui est tout à fait normal. Même si le tome 2 sort avant le trailer, ce n’est pas grave.

Jennifer : Il sortira, c’est sûr.

Alric : Et on espère que ce sera quelque chose de très beau et qui donne envie encore plus de découvrir l’univers. C’est fou ce qu’on est bavards quand même ! (rires)

Margot : Vous inquiétez pas, moi j’adore les personnes bavardes ! Donc, vraiment pas de problème ! C’est super intéressant. Et en parallèle de tout ça, vous m’avez révélé en off que vous vouliez lancer un nouveau petit projet sur les réseaux sociaux. Avec un petit nouveau micro que vous venez d’acheter ? (rires)

Alric : On l’a acheté en partie pour toi.

Jennifer : En partie pour toi, et en info exclusive, le petit projet qu’on a c’est sûrement d’ouvrir une chaîne Twitch. On aimerait faire des sessions d’écriture des fois en silence ou des fois juste un petit moment où on écrit en même temps que d’autres gens qui écrivent aussi. Par forcément écrire, des fois être sur un projet. C’est juste un moment focus d’une heure où on sait qu’à ce moment-là on écrit, on est ensemble.

Alric : Encore une fois, dans le partage, un peu dans cette émulation. On s’est dit que ça pouvait aider. Et pourquoi pas faire des petites soirées à thème autour de l’écriture. C’est Christelle Lebailly qui a fait quelque chose comme ça et on a trouvé ça génial. Du coup, on s’est dit qu’on ne va pas lui piquer l’idée mais on va s’en inspirer. Le faire à notre façon aussi.

Margot : Y’a de la place pour tout le monde de toute façon je pense.

Alric : En plus, ce matin j’ai assisté à une de ses sessions. C’était cool et ça m’a vachement inspiré. On s’est dit qu’on allait trouver une façon de partager.

Jennifer : On aime trop ça !

Margot : C’est bien. Et dites-moi, est-ce que vous avez d’autres projets futurs ? Quels vont être les thèmes de vos prochains romans ? Est-ce qu’ils seront écrits ensemble ? Est-ce que vous allez faire des romans peut-être séparés, je n’en sais rien. Dites-moi tout !

Alric : Alors, les projets… Déjà, hors écriture : il y a le trailer, la chaîne Twitch et ensuite…

Jennifer : Et peut-être la chaîne YouTube, enfin je crois qu’on voulait le faire sur Twitch, la rencontre avec des auteurs. On voudrait mettre en avant des auteurs Wattpad, des auteurs qui ne sont pas encore édités, ou alors qui sont auto-édités. On a envie encore une fois d’échanger, de parler.

Margot : Je peux vous proposer un format ? Le podcast, c’est bien ! (rires)

Jennifer : Ah ouais !

Alric : Mais tu gères tellement bien qu’on ne pourra pas faire mieux.

Margot : J’ai dit il y a de la place pour tout le monde voyons.

Alric : Oui, une sorte de petit échange tout ça. On aimerait bien un peu comme un plateau avec deux fauteuils, on boit le thé en mode tranquille. On discuterait un peu comme là mais en mode plateau télé. Je sais que Jenni voulait aussi parler de l’hypersensibilité.

Jennifer : J’avais commencé déjà à voir avec des lectrices et des auteurs aussi que j’avais contacté, sur Instagram ou sur Discord, je ne sais plus. En fait, je voulais faire une vidéo sur ça : l’hypersensibilité et l’écriture. Montrer en quoi ça peut aider. Dire aussi que c’est une force et pas une faiblesse. C’était vraiment mettre en avant l’hypersensibilité, l’écriture, le processus de travail.

Alric : On avait commencé à récolter pleins de témoignages.

Jennifer : Et c’était génial. Malheureusement, manque de temps, je n’ai pas eu le temps de le faire. Mais je pense que d’ici la fin de l’année, je pourrai vraiment me poser dessus.

Alric : Il faut savoir qu’on organise aussi notre mariage en même temps, en plus de l’écriture du 3.

Jennifer : Parce qu’on s’est mariés à la mairie en juin, mais la grosse fiesta sera en octobre.

Alric : Ça fait 3 ou 4 fois qu’on reporte à cause du Covid. Y’a plein de choses à faire en même temps que l’écriture, genre apprendre la valse ! (rires)
Après, avec tous les salons et les dédicaces, le projet va prendre un format vlog. On va justement partager pour que les gens se rendent compte de comment ça se passe. Un peu l’envers du décor, on va essayer de se suivre.

Jennifer : On n’a pas vraiment de caméra vlog. Là, on a acheté le micro et voilà !

Margot : Si je peux vous dire quelque chose pour un vlog, la plupart des téléphones font une bonne qualité.

Jennifer : C’est ce qu’on nous a dit.

Margot : Franchement, moi par exemple j’ai une grosse caméra. Elle est un peu lourde pour les vlogs et c’est pas toujours pratique. Donc, parfois un téléphone c’est plus pratique. Ça se met dans la poche, ça ne s’oublie pas, y’a pas besoin de changer le truc. Petit conseil posé là !

Alric : Merci du conseil !

Margot : Mais de rien !

Alric : Et du coup les romans…

Jennifer : Alors ! En ce moment, on est sur l’écriture du tome 3 de La Passeuse de Mots. On a rigolé parce que là, c’est la semaine d’adaptation comme les petits à l’école. On se remet dedans tranquillement.

Margot : C’est la rentrée.

Jennifer : Oui, c’est la rentrée. Et surtout, ça fait un an qu’on n’a pas écrit.

Alric : Parce qu’en fait, entre les réécritures, les relectures, le travail éditorial, l’édition, à chaque fois on faisait que réécrire et corriger mais on n’a pas vraiment écrit. Et ça nous manquait trop. Du coup, on s’est remis dans le bain et vraiment on disait à tout le monde qu’on avait un peu peur de ne plus savoir écrire. C’est bête, mais c’est se dire est-ce que c’est comme le vélo, on se remet dessus et ça repart ou est-ce qu’on va réussir à rentrer à nouveau dans l’univers ? À comprendre les personnages comme on les comprenait ? C’est comme si on avait de la distance avec eux, comme si on n’avait pas vu des amis depuis longtemps. Là, on se réhabitue tranquillement. On se lève plus tôt, on essaie d’être plus régulier parce que c’est une routine. On est des gros procrastinateurs et on aime bien dormir -enfin surtout moi ! (rires)

Jennifer : C’est à cause de toi, je ne dormais pas avant moi !

Alric : Je t’ai donné le goût du dodo. Bon déjà il y a l’écriture du tome 3. Parce qu’en plus il y a une deadline. On n’est pas habitués à avoir un délai. C’est peut-être pour ça qu’on a aussi un peu la pression de se dire qu’il faut que ça plaise, qu’il ne faut pas faire attendre.

Margot : Déjà, vous aviez une marge grâce au tome 2 qui était déjà écrit.

Alric : Après, c’est vrai que le travail éditorial ça prend énormément de temps. Franchement, ça prend des mois. Entre le moment où on envoie le manuscrit et le moment où on le rend tout propre, tout neuf, c’est quand même plusieurs mois.

Jennifer : Y’a forcément une chaîne éditrice qui te corrige, qui renvoie, toi, tu es d’accord ou pas d’accord, tu renvoies, tu attaques les coquilles, après boum, ça repart, c’est…

Alric : C’est hyper chronophage. Ce n’est pas l’étape la plus agréable on va dire de l’édition.

Margot : C’est la dernière étape.

Jennifer : Oui, c’est ça.

Alric : Disons que c‘est assez redondant. C’est super intéressant parce que du coup on a vu ce côté-là et en fait, ça nous a aidé dans l’écriture. Ça nous a permis aussi d’évoluer dans l’écriture donc ça c’est cool. Après, il faut avouer qu’au début c’était un peu douloureux. On a dû enlever beaucoup de mots, beaucoup de caractères parce qu’il fallait élaguer. Comme disait notre éditrice, il fallait faire un travail de broderie. Il fallait rendre la robe à froufrous un peu plus simple. Au début, c’était très dur parce qu’on avait l’impression de sacrifier des mots, de sacrifier des phrases. C’est du travail mais c’est pour le mieux. Du coup, on parlait des romans des prochains projets…

Jennifer : Du coup, il y a le tome 3. La Passeuse de Mots, on va voir si on fait un tome 4 et un cinquième. On ne sait pas, on verra. On a le projet qui est né du fameux “non” que nous avions eu : le spin-off.

Alric : Qui s’appelle Le Porteur de Nid, et qui est centré sur le personnage de Killian.

Margot : Celui avec un masque ? J’ai vu quelques fanarts passer.

Alric : Du coup, c’est un spin-off sur ses parents. Ensuite, on a un spin-off sur Killian lui-même. C’est sur sa jeunesse et tout ça.

Jennifer : Sur le personnage d’Alric.

Alric : D’ailleurs tout à l’heure, on a eu une idée. Sur Alric et sur une ancienne passeuse de mots. Et qu’est-ce qu’on a d’autre ?

Jennifer : Après, on a le roman Macabre. C’est un thriller gothique victorien sanglant.

Alric : Il faut savoir qu’on adore cette époque, l’ère victorienne. Je pense qu’on était Anglais dans une autre vie. On aime bien l’esthétique de Guillermo Del Toro, Tim Burton, c’est très inspirant.

Margot : Est-ce que ça vient de là le thé et les petits gâteaux ?

Alric : Ah, c’est vrai ça. On n’y a pas pensé. Donc, y’a Macabre. Y’a un feel-good qui s’appelle Le Morpho Bleu qui est sur la différence, qui est sur l’amitié, la loyauté. Un truc feel-good. Plus simple, plus petit. On va essayer de faire petit si on y arrive. Après, je sais qu’on a une romance fantastique. Mais ça c’est à l’état d’embryon, avec des sorcières, des fantômes.

Jennifer : Oui avec un manoir, des sorcières, des vies antérieures.

Margot : C’est trop cool tout ça, d’avoir autant de projets à faire. Il va falloir plusieurs vies pour tout écrire.

Jennifer : C’est ce qu’on se dit.

Alric : Il faudrait genre le double, 48 heures par journée ou 72 heures par journée.

Jennifer : Donc, les projets on en a. Après, tu as ta saga, mais tu la fais tout seul. Moi je te le dis parce que c’est bon ! Il veut repartir sur une saga fantasy.

Alric : Ça c’est encore autre chose. C’est un très ancien préquel à La Passeuse de Mots sans que ça parle de La Passeuse de Mots. Il faut que j’y travaille. Je vais réussir à la convaincre de m’aider là-dessus.

Jennifer : Et bien moi, je voudrais faire des contes pour les petits.

Margot : Pourquoi pas !

Jennifer : J’ai toujours aimé écrire des contes, parfois des trucs un peu dark à la Tim Burton, j’aime bien ça reste gentillet.

Alric : D’ailleurs, elle aimerait bien faire une version de La Passeuse de Mots pour enfants, en version illustrée.

Jennifer : Montrer le pouvoir des mots, ce que ça peut impacter. L’expliquer aux enfants, je réfléchis à ça aussi.

Margot : Ça me fait penser à J.K Rowling qui avait sorti son recueil de contes de sorciers. Je l’ai chez moi et c’est vrai que c’est plutôt cool d’arriver à créer d’autres choses à partir de son univers. J’aime trop le nombre de spin-offs que vous faites, c’est impressionnant.

Alric : Quand on aura fini La Passeuse de Mots, je pense qu’on aura tellement un gros vide parce que ça nous a suivi pendant des années. C’est l’histoire de notre vie.

Jennifer : Ce livre est tombé à un moment de notre vie où ça n’allait pas et le lâcher ce serait se dire ça y est, c’est bon vous n’avez plus besoin de moi.

Alric : Ce serait dur de se dire au revoir.  C’est peut-être pour ça qu’on s’est dit qu’on allait squatter l’univers et en plus, on a trop d’idées là-dessus. Il y a tellement d’histoires qui peuvent être possibles sur tous les personnages. Sur les anciens passeurs de mots et passeuses de mots. Après oui, on va écrire à deux pendant un sacré bout de temps. C’est quelque chose que l’on fera toute notre vie. Après, si chacun a un projet personnel…

Jennifer : Je pense que moi, si j’écris quelque chose, c’est que tu seras lié dedans aussi. 

Alric : Et moi, pareil. Si je sais que j’écris seul, j’aurai besoin de demander de l’aide si je suis coincé.

Jennifer : Débrouille toi ! (rires) Tu as voulu te lancer là-dessus, tu te débrouilles !

Alric : Non, on n’est pas comme ça. Voilà, en gros tous les projets qu’on a pour le futur en espérant que tout fonctionne. Et que les lecteurs et les lectrices vont nous suivre, c’est le plus important.

Margot : J’ai une dernière question pour vous. Quels conseils donneriez-vous à de jeunes écrivains ? Peut-être même si vous pouviez envoyer ces conseils à votre vous de 2014 ou à tout jeune écrivain qui pourrait vous ressembler. Qu’est-ce que vous diriez ?

Alric : Déjà, comme on t’a dit tout à l’heure, ne jamais rien lâcher.

Jennifer : Ne lâchez rien, persévérez. Croyez en vous. Il faut croire en vous.

Alric : Il faut croire en ses rêves et s’y accrocher même si c’est dur. Il faut le dire aussi parce que ce n’est pas tout rose.

Jennifer : On a traversé des moments très difficiles, mais aujourd’hui on est là. Et je tiens à le dire, ne lâchez rien !

Alric : C’est le plus important, et surtout aussi il ne faut pas culpabiliser quand on a des périodes de pages blanches. On sait aussi que le syndrome de l’imposteur touche beaucoup d’auteurs et d’autrices. Il faut se dire que s’il y a des périodes où on n’arrive pas à écrire, c’est pas grave. Ça va revenir, c’est sûr. Et si ce n’est pas ce roman, ce n’est pas grave, ce sera un autre. Même si tu n’écris qu’une seule phrase dans la journée, tu auras essayé. Il faut du positif aussi. Le positif amène du positif. On croit beaucoup à la loi de l’attraction. Avoir des pensées positives, ça attire le positif. Il faut se dire « Oui, je vais y arriver. Oui, je vais y croire. »

Jennifer : Ça fait un peu bateau de dire ça, mais nous on a tellement traversé de choses qu’on peut se permettre de dire ça. Croyez en vous et persévérez parce qu’on y arrive.

Alric : Chez nous, on a une espèce de petit cadre où on a écrit dix pensées positives. Et il y avait écrit dessus : “on sera édités”, “on aura une petite communauté”, et il y a plein de points de cette liste qui se sont réalisés. Tous les jours, on lisait et on se disait que ça allait nous arriver.

Jennifer : Moi, j’ai des petits papiers sur mon écran d’ordinateur. je vais les lire, il y a écrit : “ne lâche rien”, “tu es faite pour écrire”, “tu vas y arriver”, “ce que tu fais est génial”… Que des trucs pour me booster. Et il faut avoir ça en fait. Il faut tous les jours se répéter ces phrases.

Alric : Et, ne pas laisser les autres vous dire que vous n’y arriverez pas. On sait que vous prenez aussi parfois le côté méchant et négatif de certaines personnes.

Jennifer : Parfois, dès que tu es artiste ou différent, tu es toujours jugé. On s’en fout, soyez différents. Vous êtes uniques.

Alric : Je pense que la phrase qu’on aime dire et qui vient du bouquin, c’est “ne laisser personne dire que vous êtes des personnes ordinaires”. Personne n’est ordinaire et surtout pas les auteurs et les autrices, surtout pas les artistes. Croyez en vous et restez qui vous êtes.

Margot : Je vais vous dire quelque chose : “merci, vraiment !”. C’est plus qu’une interview, vous m’avez offert beaucoup durant cette discussion. Et je pense que vous avez offert beaucoup à toutes les personnes qui nous écouteront cette année, l’année prochaine. Ils réecouteront s’ils en ont envie car c’est sûr qu’il y en a qui vont réécouter, moi la première. Vous avez partagé toute cette positivité, et rien que pour ça merci grandement, vraiment. Je suis tellement heureuse d’avoir pu faire ça avec vous. Vous savez que j’y ai pensé tout le mois d’août, je voulais trop vous le demander. J’avais noté ça dans mes petites notes pour ne pas que j’oublie.

Jennifer : Nous, on aurait répondu direct.

Alric : Nous, on répond vraiment à tout le monde. C’est ce que les lecteurs nous disent souvent, c’est qu’on est disponibles pour eux mais en même temps c’est normal. Grâce à eux, l’histoire vit. Du coup, on est contents d’être là pour eux, car ils sont là pour nous. Ce lien qu’on crée avec eux, c’est ça qu’on aime. D’ailleurs, merci à toi aussi. Tes questions étaient tops et tu as une voix très agréable.

Jennifer : On regarde tout le temps ton Insta et tu boostes aussi les gens, tu motives. Tu donnes plein de bons conseils. On adore, on est trop contents des deux côtés c’est cool.

Alric : En plus, on aime bien les personnes travailleuses et ça se voit que tu as de la volonté et que tu fais ce que tu aimes faire. Et c’est vrai que tu le fais bien.

Margot : Je crois que le niveau de contentement des deux côtés du micro…(rires)

Alric : On se flatte nos égos.

Margot : Je vous glisse le billet par La Poste comme on avait dit. (rires)

Alric : On préfère les gâteaux.

Margot : On n’avait pas dit billet au début ?

Alric : Des gâteaux en forme de billets ! 

Margot : C’est noté, je vais tenter ça. Colorant vert, c’est parti ! En tout cas, pour tous les lecteurs, futurs lecteurs pour vous contacter, je vais mettre tous vos réseaux sociaux dans les notes de l’épisode pour qu’ils puissent aller voir. Et je vais encore vous dire merci.

Alric et Jennifer : Merci à toi !

Margot : Et merci à tous ceux qui nous ont écouté. Je vais vous laisser avec l’outro du podcast.

Alric : Merci à toi, à bientôt

Jennifer : Merci !

Laisser un commentaire

Découvrir d'autres épisodes

Écrire à quatre mains et être publiés chez Hachette après sept ans de travail avec A.J. Twice