J’ai signé mon contrat d’édition

Le premier tome de ma saga Absolu sort au début de l’année 2023 aux éditions Bragelonne dans la collection Big Bang, ce qui implique que j’ai dû passer par une étape qui effraye bon nombre d’auteurs : la signature du contrat d’édition. Comment comprendre un contrat d’édition ? Peut-on négocier même quand c’est son premier roman ? Quelles sont les questions essentielles à poser pour ne pas se faire arnaquer ? Comment savoir si ses droits d’auteurs sont bons ou non ? Toutes les réponses dans cet épisode.

Aujourd’hui, nous allons parler du contrat d’édition. J’ai signé mon premier contrat d’édition avec Bragelonne pour publier ma saga Absolu dont le premier tome sortira début 2023.

Je ne vais pas vous faire un épisode complet pour expliquer chacun des termes d’un contrat d’édition, parce que ce serait très chiant à écouter, et je vous recommande tout simplement, quand vous ne connaissez pas un terme, de regarder la définition sur internet. C’est souvent très bien expliqué.

Je vais plutôt vous expliquer comment ça s’est passé de mon côté, ce que j’ai pu faire, ce que j’ai demandé. Il y a des choses à demander et à faire pour être sûr de signer un contrat d’édition de façon correcte et que tout se passe bien.

1- Ne signez pas un contrat d’édition que vous ne comprenez pas

La première chose à avoir en tête c’est de ne pas signer un contrat d’édition que vous n’avez pas lu ou que vous n’avez pas compris. C’est essentiel de comprendre ce que vous lisez.

Si vous n’avez pas fait d’études de droit, comme moi, même si j’ai eu quelques cours de droit dans ma licence, c’est important quand vous ne comprenez pas un terme de demander à quelqu’un qui s’y connaît mieux que vous.

Si vous connaissez quelqu’un qui travaille dans une maison d’édition, quelqu’un qui a déjà été publié, ça peut être intéressant de leur demander.

Vous pouvez aussi demander à votre éditeur ou éditrice de vous expliquer. Le but, c’est d’avoir un dialogue entre vous, donc vous pouvez tout à fait demander quand vous ne comprenez pas un terme.

Sinon regardez sur internet parce qu’il y a énormément d’articles sur le sujet qui expliquent les termes précis.

Ne signez pas quelque chose si vous n’en avez pas compris la moitié. Il faut tout comprendre, tout lire attentivement, pour être sûr que vous avez bien tout en tête et que vous avez bien connaissance de tout.

Ce serait quand même dommage de vous réveiller deux ans après et de vous rendre compte que vous avez cédé vos droits sur un truc que vous n’auriez pas voulu, simplement parce que vous n’avez pas bien lu ou parce que vous n’avez pas compris sur le moment.

On ne signe pas un contrat qu’on n’a pas lu et qu’on ne comprend pas, parce que là c’est foncer droit dans le mur et vers la catastrophe.

2- Un contrat d’édition, ça se négocie

C’est important aussi de le rappeler et de le souligner : un contrat est un accord entre deux personnes égales qui apportent toutes les deux quelque chose à l’autre et qui donc sont dans un rapport de discussion.

De ce fait, un contrat d’édition, ça se négocie. Je sais que c’est compliqué à entendre pour beaucoup d’auteurs, car c’est un peu effrayant de dire qu’on va négocier son contrat.

La connaissance du marché

On ne négocie pas à l’aveugle en se disant j’ai tel pourcentage, je vais demander 15% ça me paraît mieux.

Non. Pour négocier un contrat, il faut avoir connaissance du marché. Et ça je trouve que c’est le plus dur, parce que ça va dépendre de plein de facteurs.

Moi, chez Bragelonne, j’avais beau comprendre le contrat après avoir demandé pour les termes que je ne connaissais pas, je ne savais pas me situer sur le marché, si ce qu’on me proposait était bien ou non.

J’ai fait la seule chose que je pouvais faire à ce moment-là, c’est-à-dire demander à des amis qui avaient été publiées dans des maisons d’édition de même taille, à peu près à la même année, pour un premier roman.

Moi c’était encore différent parce que j’ai demandé à des personnes qui ont été publiées avant et pendant le covid, et avant crise de papier, donc ça a joué sur certains aspects, mais ça m’a quand même permis de me rendre compte si mes droits d’auteur étaient corrects, si mon à-valoir était correct et si ça correspondait à ce que faisait une des maisons d’édition de même taille pour la même typologie d’auteurs dans les mêmes genres littéraires.

Et ça c’est essentiel. Vraiment, n’hésitez pas à demander aux gens s’ils peuvent vous aider. La personne peut dire non, c’est tout-à-fait son droit, mais vous pouvez toujours demander ça très poliment et dire que vous avez besoin de vous situer sur le marché et de voir si tout se passe bien et si c’est correct pour vous.

Dans mon cas, BigBang, la collection dans laquelle je vais être éditée, n’a pas encore d’auteurs français, je vais être la première.

Je n’avais pas vraiment d’auteurs français à qui me référer dans ma collection, mais c’est encore mieux de demander à des auteurs de la même maison d’édition que vous, qui ont été publiés à peu près en même temps ou un peu avant, comme ça, ça vous permet de savoir un peu comment vous situer et vous placer.

Je pense que c’est essentiel de comprendre où est-ce que vous êtes sur le marché, parce que si vous vous rendez compte que les auteurs dans le même genre que vous, pour un premier roman, sont tous à 7 ou 8%, selon les paliers, et que vous vous êtes plutôt à 6%, vous pouvez peut-être demander de monter à 7 ou 8% à votre éditeur.

Surtout, n’oubliez pas les genres littéraires, c’est important. On sait très bien que les romans jeunesse sont payés souvent moins bien que les romans adultes – l’édition française et ses beautés !

Faire des concessions

On est dans une négociation donc on demande, on n’est pas en mode “je veux ça un point c’est tout”. On demande et on fait des concessions. Parce que le but c’est quand même de concéder certaines choses pour avoir d’autres choses, et que les deux parties soient les plus satisfaites possible.

Moi par exemple, je me suis demandée si je pouvais négocier un pourcentage un peu plus élevé. Ils m’ont refusé parce qu’ils ne pouvaient pas, mais par contre ils ont baissé mes paliers.

On est dans la concession dire “ok nous on peut pas faire ça, mais par contre on peut faire ça”, et chacun y trouve son compte finalement.

Pour ceux qui se demandent, les paliers ça se fait beaucoup : par exemple vous touchez 7% jusqu’à un certain nombre de ventes, puis après vous touchez 8% jusqu’à un certain nombre de ventes, puis après 9% jusqu’à un certain nombre de ventes, etc.

Il y a beaucoup de choses sur lesquelles on peut jouer. Par exemple, ça ne vous gêne pas de ne pas avoir d’à-valoir, par contre vous voulez garder vos droits sur les goodies.

L’important c’est de savoir ce que vous voulez vous, ce qui vous importe le plus, et faire des concessions sur les choses qui vous apportent moins, comme ça vous pouvez négocier ce qui vous importe le plus.

C’est vraiment la base. C’est la chose la plus essentielle. Vous êtes en discussion. Vous avez le droit de poser des questions, de demander des choses, de demander quelque chose de mieux si vous considérez que vous avez la possibilité de demander mieux.

Le plan de promotion et de marketing de votre roman

On continue sur les choses à demander avant même de signer un contrat d’édition.

Et alors ça, je vais le marteler parce que j’ai entendu malheureusement beaucoup d’histoires, dans les anecd’auteurs ou en dehors, de personnes qui n’avaient pas posé cette question et qui se sont retrouvé démunis au moment de la sortie de leur livre. Demandez quel sera le plan de promotion et de marketing de votre roman.

Où est ce qu’il sera vendu, dans quel type de surface ?

Est-ce qu’il sera disponible en ligne, en audio book, en version numérique ?

Est-ce que vous pourrez donner votre avis sur le titre et la couverture ?

Est-ce qu’il ne va être fait qu’en France ou en francophonie de façon générale ?

Est-ce qu’ils vont mettre en place des campagnes de promotion, par exemple avec des influenceurs, des partenariats ou des librairies ?

Est-ce que vous allez faire des salons, des rencontres, des dédicaces, des conférences ?

Tout ça peut paraître un peu lointain au moment de signer un contrat d’édition parce que parfois on signe un contrat pour un roman qui sort deux ans plus tard. Mais c’est important de le demander, parce que même si vous signez dans une très grosse maison d’édition, si elle décide de ne pas parler de vous, votre livre n’existera pas.

Le tirage minimum

Assurez-vous aussi du tirage minimum, donc le nombre de livres qui seront imprimés au moment de la sortie.

Je ne sais pas si ça dépend des contrats, en tout cas, c’est bien dans le mien, ils sont légalement obligés de faire en sorte que mon livre soit disponible, sinon je peux finir par redemander mes droits, de faire des réimpressions.

Mais c’est important quand même de savoir quel est le tirage minimum, afin de voir si c’est suffisant pour être bien visible en librairie et si ça vous permet de rembourser votre à-valoir si vous en avez un, en fonction de vos pourcentages.

C’est important de demander tout ça. Je sais que c’est ultra effrayant. Moi j’ai été un peu larguée au début quand j’ai reçu le contrat.

Les négociations avec ma maison d’édition

Et encore moi j’ai pas reçu le contrat d’un coup. On a d’abord fait beaucoup d’échanges de mails car on était dans cette optique de discussion.

Mon éditrice m’a présenté une première salve d’informations. Je lui ai posé mes questions, je lui ai demandé le plan marketing. Elle a pris une semaine pour rassembler toutes les informations du plan marketing pour me les renvoyer et pour me décrire point par point mon plan marketing. J’ai pu le valider et j’étais très heureuse de tout ce qu’elle me proposait.

On a rééchangé, renégocié jusqu’à qu’on soit toutes les deux d’accord, qu’on ait fait nos concessions et que ça se passe bien. Ensuite elle m’a envoyé le contrat d’édition.

Je sais que ça ne se passe pas comme ça dans toutes les maisons d’édition, mais vraiment, posez vos questions. Après si vous ne vous sentez pas de négocier, au moins vous avez connaissance de tout, c’est le déjà le plus important.

Vous avez le droit de négocier

Un contrat d’édition c’est entre deux personnes et aucune des deux ne doit se sentir lésée au moment de signer ce contrat. Donc négocier, ça devrait être normal.

C’est aussi le rôle des agents littéraires quand les auteurs en ont. L’agent littéraire est là pour négocier le contrat et faire en sorte que l’auteur soit aussi content que l’éditeur.

Après, dans un contrat, l’éditeur se protège et c’est normal parce que c’est lui qui prend le risque financier en publiant un roman, donc c’est logique qu’il se protège. Mais il faut que vous aussi vous soyez satisfait, que vous ne vous sentiez pas lésé au moment de signer le contrat, par exemple, que vous ne cédiez pas des choses que vous n’avez pas envie de céder.

Donc vraiment la première chose c’est de s’informer, de demander et d’avoir toutes les cartes en main pour comprendre ce que vous signez et dans quoi vous vous engagez. Une fois que vous aurez bien tout compris, là vous pourrez accepter en toutes connaissance de cause.

3- Autres choses à savoir sur le contrat d’édition

Les droits audiovisuels

Petite chose tant qu’on est dans les contrats. Les cessions de droits cinématographiques, audiovisuels, c’est un contrat différent. Si vous le signer dans le même contrat, ce n’est pas légal. Ça doit être un contrat différent.

De mon côté j’avais aussi un contrat différent pour la version numérique. Je ne sais pas si toutes les maisons d’édition le font, mais c’est beaucoup plus propre aussi de séparer les droits papier des droits numériques.

En tout cas, sachez que vous n’avez pas à signer une clause audiovisuelle dans un contrat normal, ça doit faire l’objet d’un contrat à part.

Prenez le temps de vous renseigner

Je vous recommande de suivre plein de gens qui parlent et vulgarisent tout ça. Je pense notamment à Marion de Miralta Edito, et Séléna Bernard de Et si on en parlait vraiment.

Renseignez-vous un maximum et n’ayez pas peur de poser des questions.

Vous êtes légitime à poser des questions parce que vous allez céder une œuvre, la vôtre, quelque chose qui vous appartient moralement où vous avez mis tout votre cœur, tout votre amour.

Vous en êtes fier et vous ne voulez pas le céder à n’importe qui sous n’importe quelles conditions. Vous voulez le céder en sachant que vous allez le placer entre de bonnes mains, que vous allez toucher une somme qui est respectable par rapport à la taille de la maison d’édition, ce qu’elle a l’habitude de faire et par rapport au marché en cours et que vous n’allez pas être lésé ou regretter.

Six mois après vous ne serez pas en train de vous dire “mais pourquoi j’ai signé ce contrat?” Parce que des histoires d’auteurs qui rompent leur contrat d’édition parce qu’ils ne l’avaient pas bien lu ou n’ont pas posé certaines questions, malheureusement ça arrive et c’est parfois très compliqué de rompre son contrat.

C’est pour ça qu’il faut être au maximum assuré de savoir ce dans quoi on s’engage.

Je sais que ce n’était pas l’épisode le plus joyeux et le plus drôle de tout le podcast, mais je pense que c’était important d’en discuter. Vous avez la possibilité d’exister au moment de signer un contrat d’édition et ça peut se faire en toute bienveillance, avec beaucoup d’écoute et de discussions.

Moi je n’ai eu aucun problème avec ma maison d’édition Bragelonne et mon éditrice, ça s’est fait de façon très fluide avec beaucoup de bienveillance.

J’ai pu poser toutes mes questions, j’en avais une bonne trentaine. Et à chaque fois qu’elle me donnait un nouvel élément, j’avais de nouvelles questions. Mon éditrice était toujours là pour répondre, pour être avec moi et pour s’assurer que je comprenais bien tout ce qui m’arrivait.

Et ça devrait être le cas pour tout le monde. Mais pour ça, il faut pas juste fermer les yeux, signer sans lire en se disant que ça va bien se passer. Ça peut bien se passer, ça peut même très bien se passer, surtout si vous tombez sur une maison d’édition bienveillante qui ne cherche pas à vous arnaquer.

Mais faites attention. Parce que malheureusement il n’y a pas que des maisons d’édition bienveillantes.

4- Attention aux maisons d’édition à compte d’auteur

Si on vous demande de l’argent pour publier votre roman, ce n’est pas une maison d’édition à compte d’éditeur, c’est une maison d’édition à compte d’auteur. Ce n’est pas du tout la même chose. Je vous renvoie vers les vidéos de Christelle Lebailly à ce sujet, qui a fait des enquêtes sur les maisons d’édition à compte d’auteur.

Ce n’est pas la même typologie d’édition. Vous, ce que vous souhaitez normalement, ce sont les maisons d’édition à compte d’éditeur où vous n’avez pas à avancer de l’argent. C’est eux, au contraire, qui vont vous donner de l’argent.

Parce que vous, vous ne faites que céder vos droits. Vous cédez quelque chose en échange d’argent et de redevances. Vous n’avez pas à fournir ou à payer quoi que ce soit. Vous avez même droit à plusieurs exemplaires gratuits et à un pourcentage de baisse au moment de l’achat d’autres exemplaires.

Vous n’avez à dépenser aucun argent, sinon ce n’est pas une maison d’édition à compte d’éditeur, c’est une maison d’édition à compte d’auteur, ou participative comme elles s’appellent, mais ça vraiment je vous renvoie vers la vidéo de Christelle Lebailly.

J’espère que cet épisode aura permis de vous aider un peu et de répondre à certaines de vos questions.

 

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