Le perfectionnisme ou la peur de l’échec

Perfectionnisme

Et si on arrêtait de croire que le perfectionnisme est un défaut acceptable ?

Ce n’est pas assez bien. Combien de fois nous sommes-nous dit cette phrase en relisant le paragraphe que l’on vennait d’écrire ? Ça ne va pas. Je ne peux pas faire lire ça. Pourquoi je n’y arrive pas ? Comment font les autres pour écrire aussi bien ? Je ne terminerai jamais un roman et si je le finis, il ne sera pas bon. Il faut que je recommence tout.

Stop. 

Bonne écoute !

Le perfectionnisme ou le défaut masqué en qualité

Être perfectionnisme : un joli défaut

Je me considère moi-même comme une perfectionniste. Je ne sais jamais faire les choses à moitié, j’ai une impressionnante capacité d’autocritique et je pense que l’on peut toujours trouver le moyen de s’améliorer. C’est drôle parce que « perfectionniste », c’est souvent le défaut que l’on avoue avec un demi-sourire lors d’un entretien d’embauche, comme pour cacher les autres. On joue sur le fait qu’être perfectionniste a autant d’avantages que d’inconvénients. Pourtant, on finit par oublier que le perfectionnisme à outrance est un poids difficile à porter dans l’écriture, comme dans la vie de tous les jours.

Rendre son roman parfait

Vouloir que son roman soit parfait est quelque chose d’assez naturel en soi. C’est même un objectif vers lequel tendre. C’est pourquoi, il y a l’écriture du premier jet, le brouillon, mais qu’avant d’envoyer son manuscrit à un éditeur ou de l’autoéditer, il y a des moments de relecture, de réécriture, de passage devant des lecteurs tests,  encore de la réécriture et de correction. Pourtant, même à la fin de toutes ces étapes, même après avoir fait de son mieux, il serait compliqué d’affirmer qu’un roman puisse être parfait en tout point et plaire à tout le monde.

Voilà le problème du perfectionniste : penser devoir créer quelque chose de parfait ou ne rien créer du tout. Pendant plusieurs mois, j’ai tâtonné à écrire mon roman. J’avais déjà eu du mal à me lancer dans l’aventure. Et c’est là le plus intrigant, j’avais toutes les cartes en main mais je m’obstinais à en créer de nouvelles pour repousser le moment de l’écriture. Quand je n’ai plus trouvé d’excuses, j’ai ouvert un document word vierge et j’ai commencé à taper sur mon clavier. Mais une fois les premiers mots écrits, je n’avançais pas bien vite. Je ne cessai de revenir en arrière, de corriger des chapitres entiers, de tout recommencer à zéro, d’effacer des mots, des phrases, des paragraphes. Rien n’était assez bon, ce n’était pas parfait.

Comment j'ai affronté mon perfectionnisme pour écrire mon roman

Et puis, nous voilà arrivés en novembre 2019. J’ai décidé de participer pour la première fois au NaNoWriMo, challenge international dont le but est d’écrire 50 000 mots en un mois, soit 1667 mots par jour environ. Mon âme de compétitrice se réveille et veut réussir ce défi. Sauf qu’il est impossible que j’y arrive si je reviens à chaque fois en arrière. Me voilà donc obligée d’écrire sans me retourner, sans même réfléchir à la phrase que je viens d’écrire pour m’occuper de celle qui arrive. Et bizarrement, cela marche. Je me rends bien compte que mes pages sont loin d’être parfaites, mais elles sont là et c’est déjà ça.

La peur de l'échec : ne jamais terminer son roman

Cette expérience m’a fait ouvrir les yeux. En réalité, ce n’était pas la recherche de la perfection qui me poussait à retravailler sans cesse mon manuscrit, c’était ma peur. Ma peur d’échouer, voire pire, ma peur de réussir. Et si je n’arrivais pas à terminer ce roman ? Et si j’arrivais à le terminer mais qu’il était mauvais ? Et si les gens ne l’aimaient pas ? 

Ah, voici certainement le cœur du problème. Les autres. Ou du moins, la projection que l’on fait d’eux. Ce regard insistant au-dessus de notre épaule qui nous dit que l’on est mauvais, que ce que l’on a accompli ne vaut rien et que personne ne voudra jamais nous lire. C’est horrible, non ? Et pourtant, ces phrases qui nous font mal, qui nous figent sur place, elles viennent de nous.

Accepter le changement

Nous sommes notre pire juge, là où nous pourrions être notre meilleur allié. Le cerveau aime l’idée de perfection et n’accepte pas le fait que ce ne soit justement qu’une idée inatteignable. La peur de l’échec nous empêche d’avancer et nous laisse dans ce doux cocon rassurant dans lequel le quotidien nous berce. C’est ce qu’on appelle la zone de confort. Par exemple, notre zone de confort, ça peut-être : « j’écris pour moi, rien de bien sérieux, rien que je ne veux montrer aux autres et un jour peut-être, je terminerai un roman ». Et après, on se cache derrière notre perfectionnisme pour justifier le fait de ne pas se lancer. Mais en réalité, c’est parce que cette zone de confort nous rassure. On n’y gagne peut-être rien, mais on ne perd rien non plus. Rien ne change, rien n’est perturbé et on ne sent pas en danger.

Accepter de se lancer, c’est aussi accepter le changement. Et changer parfois ça fait peur, peu importe la raison, cependant, si on ne change pas tout au long de notre vie, ça veut dire qu’on stagne et ça ce n’est pas mieux. N’attendez pas que les gens vous donnent la permission ou que toutes les conditions soient optimales pour oser le changement, parce que ça n’arrivera pas et vous risquez d’attendre toute votre vie.

Ce qu'il y a au-delà du perfectionnisme

Une zone magique

Les rêves que l’on veut atteindre, que ce soit écrire un roman ou tout autre chose, nécessitent de sortir de sa zone de confort pour entrer dans une zone d’apprentissage. On teste de nouvelles choses, toutes ne marchent pas, on revient régulièrement au point de départ, jusqu’à atteindre cette zone de panique qui nous effraie tant parce qu’elle est loin de ce que l’on connaît. 

Savez-vous quel est l’autre nom de la zone de panique ? La zone magique. Parce que c’est là que tout peut arriver, c’est là où on atteint ses objectifs et où on réalise ses rêves. Comment ? En acceptant ses peurs, en les rationalisant et en allant tout de même de l’avant. Le tout, avec les bonnes méthodes,  des paliers réalisables, une avancée mesurable et un objectif précis. Cette zone magique n’évite ni les erreurs, ni les doutes. Elle demande du travail et de la motivation. Mais elle offre en retour le pouvoir de réaliser ses rêves.

Arrêter le perfectionnisme, devenir consciencieux

Alors oui, je suis peut-être encore un peu perfectionniste, mais j’ai appris à ne plus avoir peur d’échouer, à savoir mettre un point final à un roman et à faire confiance aux autres pour qu’ils m’aident dans ce chemin. Et plus encore, j’ai appris à me faire confiance. Car la défaite n’est pas une fin en soi, échouer est aussi normal que respirer. Cela nous permet d’apprendre, de grandir et de retravailler nos objectifs. 

Alors, la prochaine fois que vous doutez de votre travail ou de votre capacité d’écrire, demandez-vous ceci : est-ce parce qu’il y a vraiment des choses à retravailler ou est-ce ce faux perfectionnisme, cette peur silencieuse dans votre cœur qui a peur de quitter le confort ? Car les plus belles histoires commencent toujours de la même manière : un premier pas dans l’inconnu.

Laisser un commentaire

Découvrir d'autres épisodes